Au début, quand on voit toutes les issues se refermer inexorablement sur vous, on croit à un problème technique. Peut-être que quelqu’un a malencontreusement appuyé sur un bouton qui condamne toutes les portes et les fenêtres. Quand on entend les crépitements et un rire narquois dans les haut-parleurs disséminés dans tout l’établissement, on croit ensuite à une mauvaise farce d’un élève qui s’ennuie. Alors quand on l’écoute, on a envie de rire. C’est d’un ridicule. Seulement, au fur et à mesure, ce n’est plus si drôle que ça. C’est effectivement la blague d’un élève qui s’ennuie. Ou alors la blague du siècle d’un fou dangereux. Une blague qui ne fait rire que lui et les personnes ne le prenant pas au sérieux. Ce n’est pas le cas de la petite blonde qui, à cause d’un sursaut de peur en entendant cette voix, a valsé sur les trois dernières marches d’une volée d’escaliers. Douloureux. Presque autant que la frustration qui s’empare d’elle en l’entendant. Les cours étaient terminés pour la journée. Elle pouvait enfin s’offrir une petite sortie avant de rentrer pour le couvre-feu. Elle aurait dû se douter qu’elle ne pourrait pas le faire, rien n’est allé dans son sens aujourd’hui. D’abord son téléphone qui ne sonne pas pour la réveiller, l’ex-femme dinde de Renji qu’elle croise dans la rue et à qui elle est obligée de faire un sourire agréable en l’entendant la nommer « nounou de Sho », et maintenant ces foutues marches. Plus de peur que de mal, même si son genou en a pris un coup. Elle ne s’est même pas relevée que son téléphone vibre déjà dans sa poche.

« Emura-chan & Kondo-chan, votre première énigme vous attend dans la cafeteria. Bonne chance ! »

Numéro masqué. Dommage, elle lui aurait envoyé une réponse bien sentie sinon. Les autres élèves près d’elle la dévisagent avec de grands yeux. La chute a été assez spectaculaire, pour pas grand-chose finalement. Heureusement d’ailleurs car un séjour à l’hôpital n’est pas ce qu’elle souhaite pour l’instant. Peut-être plus tard. Quand elle aura le temps. Sous les regards un peu incrédules des élèves et de quelques membres du personnel, elle se relève sans mal et se rue à nouveau dans les escaliers en direction de la cafétéria, dans l’aile sud. Un chemin qu’elle connaît par cœur pour l’emprunter tous les jours depuis qu’elle a intégré l’université. Trajet inintéressant de moins de deux minutes qui la mène à l’endroit indiqué. Il y a encore quelques personnes à l’intérieur de la cafétéria mais il semble que tous désertent les lieux. Il finit par ne plus rester qu’elle. Où est donc son ou sa partenaire ? L’utilisation du suffixe –chan l’orienterait plutôt vers une femme, mais on ne sait jamais avec ce genre de détraqué. Que disait-il déjà ? Une pancarte avec un défi ou une question et choisir le capitaine. Si seulement l’Emura en question arrivait. En attendant, autant se mettre à chercher la pancarte. Parcourant des yeux la salle, Maria se dirige d’un pas peu convaincu vers le self. Peut-être sera-t-elle cachée entre deux pots de yaourt.