-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Kazuma Soma« Kazuma Soma »
ADMINISTRATEUR
Messages : 2856
Member since : 10/06/2011
You : 19 ans ; Osakan ; Japonais & chieur professionel ; propriété de Ryohei et Evil Temptation officiel de Yukio ♥
Activité : Etudiant en troisième année à Hosei et accessoirement mister joy de PYL & bosse dans une animalerie quand il a le temps~
Emission : Push Your Limits ! Yeah~

Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Empty
MessageSujet: Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥]   Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Icon_minitimeMer 17 Aoû - 18:24

    Même si tout le monde s'en doutait, c'était dur. Soma le savait, il n'arrivait même plus à sourire comme avant. Un soupire et il attrapa ses engins de tortures qui semblaient le narguer chaque jour un peu plus. Des bandages sur ses mains à l'exact miroir de celui qui enveloppait traitreusement son pied gauche, les yeux brouillés de larmes après un nouveau cauchemar, ça faisait déjà 2 jours mais ces visions ne semblaient pas vouloir le quitter, de vieux souvenirs et des plus récents. Comme cette odeur ou la couleur froide de cet endroit où régnait la mort et la tristesse. Chaque seconde cette présence devenait plus forte et Soma se croyait revenu tellement d'années en arrière, lorsqu'il regardait ces mêmes murs avec des yeux d'enfants, lorsque les personnes autour de lui semblaient pleurer pour une raison inconnus, lui murmurant des mots dont il ne connaissait pas la signification. Il se revoyait sourire, essayer de comprendre mais autour de lui il n'y avait que tristesse et il ne voyait plus sa mère. D'ailleurs, il ne la plus jamais revue.

    Ces pensées qu'il ne pensait plus jamais avoir, des cauchemars sans fin dont il n'osaient parler à personne, son meilleur ami se moquerait surement de lui s'il lui expliquait pourquoi il ne le réveillait plus avec le même entrain depuis sont dernier séjour dans ce qu'il appelait « les bouches de l'enfer ». L'hôpital, un endroit qu'il avait pourtant tout fait pour éviter depuis la dernière fois qu'il y avait été, depuis qu'on lui avait dit qu'il devrait aller vivre ailleurs que chez lui, depuis que sa mère était morte.

    Une grimace, le plastique dur de ses béquilles qui frotte traitreusement sur les ampoules de ses mains. Il a trop forcé, trop serré ce qui était censé le soulager et il le savait mais rien à faire, il ne voulait pas être dans ce genre de situation. Il repensa à Yûki, l'état dans lequel il l'avait vu à l'hôpital, la peur d'avoir encore fait du mal à quelqu'un qui lui était proche et surtout cette horrible impression de déjà vu. Son père. Cet homme souriant qu'il ne voyait plus qu'entouré de blanc et relié à tout un tas de machines que petit Soma trouvait génial à cette époque mais qui maintenant lui faisait plus peur encore qu'un début d'émission.

    En grandissant il avait compris tellement de chose qu'il avait fini par fuir les hôpitaux et jusqu'ici il avait plutôt bien réussi. Il n'y était plus retourné depuis, trouvant toujours un moyen d'aller ailleurs, de se défiler et, en voyant avec quelle énergie il les fuyait, les Aoki n'insistaient jamais longtemps et comprenaient qu'il ne fallait pas le forcer à y aller. Tout était de la faute de son professeur, il l'avait emmené là-bas malgré ses protestations, par sa faute il avait été blessé et par sa faute il avait dû aller dans cet endroit qu'il détestait tant. Il aurait voulu que Ryohei soit avec lui, qu'il ne soit pas seul. Il aurait voulu pouvoir pleurer avec lui, se laisser aller ou même juste être en sa présence apaisante comme il l'était à chaque fois qu'il ne se sentait pas bien mais le fait est que Ryohei était en cours, inconscient de ce que son frère vivait. Plusieurs heures dans cet antre blanc où régnait tristesse et mort, une torture pour le jeune homme qui avait mal, qui ne voulait pas rester là et qui n'avait qu'une envie, se réveiller de ce cauchemar. Un simple entorse, simple... Alors pourquoi l'avoir forcé à aller dans cet horrible endroit pour une SIMPLE entorse ? Il ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à son professeur, d'en vouloir à ce médecin qui le regardait avec une pitié hypocrite, fausse. Après tout Soma allait lui faire remporter de l'argent alors pourquoi compatirait-il pour une simple entorse ? Peut-être parce que tout son corps tremblait, peut-être parce qu'il ressemblait à un enfant perdu, au bord des larmes. Peut-être pour tout ça mais Soma ne voulait pas y croire.

    Aujourd'hui, ça faisait deux jours qu'il subissait le bandage et les béquilles. Il ne devait pas bouger sauf en cas de nécessité, bouger était une nécessité pour Soma ! Comment ne pouvaient-ils pas le savoir ?! Il aurait fallu l'attacher à son lit pour qu'il ne bouge pas. C'est pourquoi cela faisait deux jours qu'il arpentait Hosei avec ses béquilles, se faisant gronder par plusieurs professeurs et plusieurs de ses amis qui ne semblait pas comprendre ce besoin qu'il avait de ne jamais rester au même endroit trop longtemps. Il déambulait parfois sans but, essayant de s'imprégner de l'ambiance animée de l'établissement. Il y avait beaucoup de cours auxquels il ne pouvait pas participer, comme il était aussi interdit d'émission jusqu'à sa guérison et pour être honnête, il s'ennuyait. Ça le déprimait de ne plus pouvoir bouger, jouer, s'amuser ou même courir à droite à gauche avec ses amis. Il ne s'était surement jamais senti aussi seul et comme à chaque fois qu'il avait un petit coup de mou, il savait où aller.

    C'est donc avec difficultés qu'il se frayait un chemin sans se faire remarquer vers les couloirs et escaliers interdits, ceux qui ont été endommagés dans la catastrophe et n'ont pas encore été réparés, ceux dans lesquels seuls les rebelles allaient, les rebelles et eux. Il n'étaient pas du genre à enfreindre les règles mais ils aimaient se trouver ici, loin des autres, loin de l'animation, du bruits, des gens tout simplement. Ça ne ressemblait pas à Soma mais après tout il n'était pas invincible. Quelques gravats et beaucoup de poussière, des couloirs plutôt sombre, illuminés par la seule lumière du soleil traversant les fenêtres sans carreaux. Un côté du bâtiment qui ne ressemblait pas aux autres, un côté abandonné, seul, mélancolique. Une ambiance que Soma appréciait. Il ne se souvenait plus de la première fois qu'il était venu ici, peut-être était-ce juste après la catastrophe ? Ça n'importait pas, le plus important était qu'il se plaisait ici, étrangement.

    Arrivé au milieu du couloir, là où se trouvait un escalier qui devait mener à l'internat. Il alla s'asseoir en dessous et attendit. Il espérait qu'elle vienne aujourd'hui. Cette jeune fille, il aimait lui parler, elle ne faisait que l'écouter ou du moins il pensait qu'elle l'écoutait mais sa présence lui faisait du bien. Elle était hésitante, presque apeurée mais Soma aimait qu'elle soit là. Ça le rassurait bizarrement. Elle était souvent seule, il le savait car ils étaient dans la même année. Elle se sauvait toujours devant les autres et Soma savait que c'était la seule façon qu'il puisse l'approcher. Il n'était pas proche d'elle et il ne faisait que lui parler mais il espérait que ça lui faisait du bien à elle aussi. C'est pour ça qu'il aimait qu'elle vienne, toujours au même endroit et puisqu'aujourd'hui il n'allait pas bien, puisqu'aujourd'hui il semblait comprendre ce qu'elle semblait ressentir, il voulait la voir et avoir cette oreille attentive à laquelle il aimait s'adresser.
Revenir en haut Aller en bas
https://tdag.forumgratuit.org/t106-kazuma-soma-ft-kato-shigeaki
Shirakawa Aika« Shirakawa Aika »
Messages : 20
Member since : 16/08/2011
Activité : Étudiante en 3ième année à Hosei
Emission : .

Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Empty
MessageSujet: Re: Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥]   Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Icon_minitimeJeu 18 Aoû - 14:12

    Il était l’heure pour Aika, elle venait d’aller en cours et, la plupart des élèves étant désormais partis pour les cours d’expression orale, elle était comme qui dirait « en temps de pause ». En effet, ces cours destinés à améliorer la manière de parler des élèves ne la concernait pas, elle ne parlait jamais, elle avait oublié comment faire depuis le temps… Le temps passait lentement pour celle qui était occupée à arpenter les couloirs, un petit sac pendu à sa main, ressassant ses souvenirs : était-elle heureuse ainsi ? Personne à part elle ne le savait, même sa psychologue n’en savait rien. Certes, ses parents adoptifs lui avaient offert la possibilité de venir dans cette école mais, au final, n’était-ce pas vain ? Elle n’était après tout pas capable de parler et qui à cette époque de technologie et de médiatisation appréciait encore le cinéma muet comme elle le faisait ? Personne sans doute… Et si jamais elle ne retrouvait jamais sa voix ? Non pas qu’elle voulait rester muette, loin de là, plutôt qu’il semblait manquer un déclencheur, un élément au puzzle que personne n’avait encore trouvé, comme si son esprit attendait un événement précis pour lui permettre de retrouver la parole.

    Ces pensées étaient toujours présentes dans l’esprit d’Aika à cette heure de la journée, cette période pendant laquelle elle réalisait à quel point elle était différente et pendant laquelle elle se retrouvait seule, cruellement seule. C’est d’ailleurs à cause de cette solitude qu’elle cherchait alors à se réfugier dans une solitude encore plus grande, une solitude par laquelle elle tentait d’échapper à ce que la vie lui avait infligé, ce que certaines personnes appelaient le destin, et qui désormais pesait sur sa conscience à chaque fois qu’elle faisait un pas ou tentait de réaliser une chose qui puisse lui faire du bien. C’est pour cette raison que chaque jour, à l’heure à laquelle se déroulaient ces cours dont elle rêvait parfois, elle se rendait à cet endroit, toujours le même, où elle pouvait trouver la solitude dont elle avait besoin. C’était interdit, elle le savait bien, mais elle ne craignait pas de se faire repérer à cause d’un bruit en trop : elle était discrète, c’était une de ses vertus, son silence s’était comme généralisé dans l’entièreté de son corps.

    C’est donc ainsi qu’Aika poussa la porte qui conduisait à la partie détériorée du bâtiment, l’autre visage d’Hosei en quelques sortes, son passé, une partie délaissée et oubliée du reste, comme si elle n’avait jamais mérité d’être remise en état, c’était étrange. Comment avait-elle découvert cette pièce sombre ? Elle s’en souvenait très bien, c’était quelques jours après son arrivée à l’école, elle se rendait à l’un de ses cours et s’était trompée de couloir. Elle avait alors pu entrevoir les lieux qui n’avaient pas changés depuis, sombres, tristes, un peu mystérieux même. Elle s’y était plue et, désormais, à chaque fois que son cœur ressassait ses souvenirs d’enfance et ses rêves éphémères, la jeune femme s’y rendait pour n’avoir comme seule camarade que la solitude, enfin presque. En effet, alors qu’elle s’apprêtait à aller se réfugier sous l’escalier comme elle avait l’habitude de le faire, la jeune femme s’arrêta net dans son élan, les yeux fixés sur ce qu’ils venaient de voir, la main encore accrochée à l’escalier qu’elle avait simplement contourné et agrippé par habitude : il était encore là.

    Lui, c’était le garçon qui parlait tout seul, elle n’osait pas l’approcher, c’est pour cette raison qu’elle recula de quelque pas et s’assit contre le mur poussiéreux, à quelques mètres de là. Ce garçon était en troisième lui aussi, elle le savait car elle le voyait souvent lors des cours groupés, elle savait aussi qu’il allait facilement vers les autres, au contraire d’elle qui passait son temps à rechercher la solitude, encore plus vis-à-vis des hommes : il en était un, c’est aussi pour cette raison qu’elle était allée quelques mètres plus loin pour s’installer. La raison pour laquelle il parlait tout seul ? Elle n’en savait rien mais elle l’écoutait, c’était le principal, elle ne le laissait ainsi pas parler dans le vide.

    Alors qu’elle était assise là, elle le surveilla discrètement, la tête baissée, les yeux cachés par ses cheveux. Oui, elle le surveillait, ce garçon restait un homme avant d’être un camarade de classe, constituant ainsi l’une de ses plus grandes phobies si pas la plus grande. C’est pour cette raison que s’il bougeait, elle bougerait également. Elle remarqua alors qu’il possédait des béquilles, pourquoi ? Elle ne le savait pas. Même si elle avait été capable de parler, sa peur l’en aurait empêchée. Aika continua donc son observation, elle l’avait déjà fait, détournant le regard à chaque fois qu’il avait levé la tête, les autres jours où ils s’étaient retrouvés à deux en cet endroit assez inhabituel. La jeune femme avait en effet l’impression que si elle ne le regardait pas, elle demeurerait invisible à ses yeux et il ne pourrait pas lui faire du mal ; sans cela, elle n’aurait jamais été capable de passer autant de temps assise là à l’écouter parler, ce garçon qui parlait seul. C’est ainsi qu’elle remarqua que celui-ci avait l’air triste.

    Que feriez-vous si vous aviez une peur bleue d’une chose et que vous vous y retrouviez confronté à chaque seconde de votre vie ? Tout le monde saurait répondre à cette question par une simple phrase : « J’éviterais au maximum de me retrouver face à cette chose. » C’est pour cette raison qu’Aika préférait de loin rester assise là à écouter ce jeune homme parler à moitié dans le vide plutôt que rester dans une salle d’étude ou même dans sa chambre, cette seconde option étant encore pire que la première, des évènements horribles de sa vie s’étant produits dans cet endroit habituellement considéré comme « rassurant ». En effet, depuis ce jour, la chambre était devenue pour elle synonyme de danger et non de repos ou de sécurité comme certaines personnes le pensaient bien souvent.

    Ce garçon ne l’avait jamais attaquée, il ne l’avait pas accostée au sens propre du terme, il passait juste son temps à lui raconter des choses diverses qu’elle écoutait sans réagir, en étant tout simplement incapable. Ce camarade était à ses yeux à la fois un danger à n’approcher sous aucun prétexte, et un soulagement car malgré l’absence de réponse, il continuait à lui raconter des choses à chaque fois qu’ils se retrouvaient simultanément en ces lieux. Un soulagement car recroquevillée à une bonne distance de lui, et cela à chaque fois sans exception, la voix de ce garçon résonnait encore dans sa tête quelques heures plus tard, lui retirant cette impression de ne plus être aussi seule tout en, malheureusement, renforçant sa peur de le voir un jour débarquer sans prévenir dans sa chambre où elle résidait seule : elle avait d’ailleurs demandé cela, ne désirant pas laisser dans le vide les paroles d’une autre jeune fille désirant discuter avec elle.

    C’est donc assise contre le mur qu’Aika, la tête baissée et les jambes repliée contre elle de manière décente, attendait en silence pour voir si ce garçon intriguant allait encore une fois prendre la parole pour s’adresser à elle comme si il allait recevoir une réponse, sachant très bien qu’elle ne pourrait pas lui en donner. Sans doute allait-elle découvrir des choses nouvelles à son propos, peut-être pas, peu lui importait en réalité ; l’important était que, malgré sa peur, quelqu’un la soutenait dans sa solitude : ça n’était pas pour autant une raison de s’approcher de lui et de baisser sa garde, ça non ! Aika était déterminée à rester prudente, attendant ainsi le début du monologue de ce garçon étrange.
Revenir en haut Aller en bas
Kazuma Soma« Kazuma Soma »
ADMINISTRATEUR
Messages : 2856
Member since : 10/06/2011
You : 19 ans ; Osakan ; Japonais & chieur professionel ; propriété de Ryohei et Evil Temptation officiel de Yukio ♥
Activité : Etudiant en troisième année à Hosei et accessoirement mister joy de PYL & bosse dans une animalerie quand il a le temps~
Emission : Push Your Limits ! Yeah~

Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Empty
MessageSujet: Re: Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥]   Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Icon_minitimeVen 19 Aoû - 23:37

    Si l'on vous disait « tu ne dois plus bouger ou faire d'effort pendant deux semaines » comment réagiriez-vous ? Mal, surement, c'est horrible d'être rendu inutile par une seule phrase, de voir son quotidien basculer en seulement quelques minutes. Pour une personne normale c'est inconcevable alors pour Soma c'est encore pire. Sa vie c'est bouger, courir à droite à gauche et toujours sautiller partout. Voir du monde, rire, sourire et courir toute la journée. Le langage corporel est tellement important pour Soma que lorsque le médecin lui a dit cette phrase il a crut mourir. Ce deux semaine n'avait pas d'importance, pour lui, c'était comme si on lui avait dit « vous serez paralyser à vie » quelle différence ? Deux semaines c'était comme toujours, horrible, insupportable, impensable... C'est pourquoi il ne voulait pas rester là à rien faire, il détestait rester dans sa chambre, il détestait les regards que les autres lui lançaient, que tout le monde le traite comme une personne incapable de faire quelque chose par lui même, il détestait son quotidien avec ces béquilles, engins de tortures qu'il devrait subir pendant deux semaines, voir plus s'il continuait ainsi.

    Ce n'était pas dans ses habitudes de ne pas respecter les règles, de défier la parole de personnes importantes ou de décevoir les gens mais il n'y pouvait rien, plutôt mourir que de ne pas faire le moindre geste ! Ses paumes étaient douloureuses, irritées et pleines de cloques mais il s'en fichait, si c'était le prix à payer pour être libre alors il le subirait avec joie ! Les larmes aux yeux, il attendait, assis sous cet escaliers où il aimait s'asseoir depuis longtemps déjà.

    Les pales lueurs du soleil traversant le cadrant en bois des fenêtre dénudées de tout verre venaient illuminer son visage crispé, il retenait ses larmes, encore... Il avait horreur de pleurer, ça ne lui ressemblait pas mais il avait tellement mal ! Il avait éloigné ses béquilles et sa jambe gauche reposait, croisée, sur sa droite pour la surélever un peu. Il la sentait, battante, douloureuse et traitre. Il soupira. Ses mains semblaient dans le même état alors que sa mains gauche était entourée d'un bandage rougit de sang d'avoir trop forcé sur le plastique de sa béquille. La droite était dans un meilleur état, un fin bandage clair était entouré autour, moins douloureuse, seulement une cloque entre le pouce et l'index semblait le narguer de sa texture molle et bombée. Il souffla dessus, essayant d'apaiser ne serait-ce qu'un peu la brulure.

    Il ferma les yeux et profita du silence, il respirait difficilement, tentant de clamer les battement de son coeur et les larmes qui essayaient inlassablement de se frayer un chemin vers ses yeux. Impossible. Jamais il ne les laisseraient faire ! Plusieurs minutes passèrent et le calme du lieu l'apaisa peu à peu. Tout était poussiéreux, quelques gravats jonchaient le chemin le rendant difficilement praticable, certains blocs manquaient de s'écrouler au moindre mouvement brusque mais Soma aimait ça. Personne ne pourrait se douter qu'il puisse se trouver ici, pourtant, même lui avait parfois besoin de se retrouver seul, de réfléchir et ici était le meilleur moyen.

    La raison de sa venue ici ? Se lâcher ! Extérioriser, toujours de la même façon, parfois il prenait un carnet et il écrivait, parfois il se mettait à parler, surtout lorsque sa camarade d'escaliers venait. Il lui arrivait même de jouer ses paroles comme une émission. Il y avait vraiment des jours où l'on n'était plus nous-même, où c'était dur de vraiment sourire sincèrement et même si Soma était le bout-en-train par excellence, il n'en restait pas humain, avec ses faiblesses et ses instants de déprime. Chaque personne réagissait différemment face à ses peurs et si Soma semblait les affronter il n'en restait pas moins comme un enfant perdu une fois qu'il se retrouvait seul face à celles-ci.

    Ce n'est pas pour rien qu'il semblait tout le temps si accroché à son frère, il en avait besoin, un soutient constant pour qu'il ne s'écroule pas. Sa mère gardait toujours le sourire alors pourquoi pas lui ? Il avait tout affronté jusqu'ici alors il pouvait bien tout affronter encore, pour lui mais aussi pour eux, pour Ryohei aussi et pour sa nouvelle famille. Leur prouver que lui aussi pouvait être fort malgré tout ce qu'il avait traversé et pour cela il fallait s'extérioriser. S'il ne voulait pas montrer ses mauvais côtés en publique il venait volontiers ici pour diminuer ses peines et tout balancer dans le vide et le silence d'un vieux bâtiment blessé. Comme lui.

    Hosei lui ressemblait, fort en apparence, un bâtiment rempli de cris, de joie et de tant d'autres choses qu'il montrait à tous ses élèves et à toutes les personnes qui passaient ses portes mais au fond, là où personne ne regarde, il y a cet endroit. Délabré, blessé, sombre... Triste. Après tout, qui n'a pas une facette comme celle-ci à l'intérieur de son esprit ? Chez certaines personnes elle est plus mise en avant que d'autre, chez Soma elle est bien cachée, comme interdite. Oui, cet endroit lui ressemblait tellement... Il en sourit presque avec affection et reconnaissance, caressant doucement le bois de cet escaliers qui l'accueillait à chaque fois qu'il venait déverser ses peines et ses colères. Il ne voulait pas inquiéter Ryohei ou toute autre personne proche de lui. « Ça passera » ou bien « ce n'est pas si grave ». Des phrases qu'il s'était si souvent répétées, elles fonctionnaient toujours. Un sourire triste, un sourire timide, de ceux que l'on ne voit jamais sur son visage mais qui était si fréquemment admirer par ce lieu. Il se confiait aux animaux curieux qui s'approchaient, aux oiseaux faisant leur nid dans le bois craquelé, aux écureuils curieux qui venaient voir ce que le soleil essayait si désespérément d'éclairer de ses pales rayons. Un lieu sombre, un lieu presque inconnu où il se plaisait à être.

    Les évènements de son enfance avaient laissés une telle emprunte sur son esprit... Soma semblait être la définition même des mots « bonheur », « innocence », « sourire » et parfois même « joie de vivre ». Qui irait chercher un quelconque traumatisme chez lui ? Seul son frère savait après tout. Jamais il n'avait raconté à personne d'autre tout ce qu'il avait traversé, pas même à sa nouvelle famille. Il était orphelin, point. Pourquoi ? Comment ? A cause de qui ? Personne ne savait, à part lui, son frère et ces médecins qui l'avaient conduit à l'orphelinat le jour où sa vie à basculé.

    Des phrases comme « tout ira bien » ou « tu verras, un jour ça ne fera plus mal » prononcer par des personnes dont la vie à toujours été belle et prometteuse, par des médecins qui ont la mort incrustée dans les traits du visage, dont les yeux sont éteints d'avoir vu tant de douleurs. Un enfant est toujours si perspicace, difficile de mentir à un petit garçon de 6 ans qui découvre encore le monde mais ça, personne n'y prête jamais attention. Non, plus rien n'ira. Non, 14 ans plus tard, ça fait encore mal. Les cauchemars subsistent et les larmes coulent toujours. Lorsqu'un enfant, fils unique, perd ses parents, que lui reste-il ? Rien, absolument rien. Le néant et la tristesse. L'incompréhension. On lui dit que ses parents ne reviendront plus sans lui expliquer la raison exacte et il commence à essayer de le savoir par lui-même, à s'en vouloir. « Si papa et maman ne veulent plus être avec moi, c'est qu'ils ne m'aiment plus ? J'ai fait quelque chose de mal ? » Quel jeune orphelin n'a pas pensé cela ne serait-ce qu'une fois ? Qui peut se venter d'avoir, à l'age de 6 ans, comprit que la vie était parfois cruelle et que la mort l'était encore plus ?

    Séparer des familles au pire moment, le destin, les coïncidences, la malédiction. Tout. On comprend en grandissant tout en restant bercé de bêtises. Les discours ne changent pas, les condoléances non plus. L'étranger continue de montrer ce visage de pitié de la personne qui essaie de faire semblant de comprendre alors qu'il n'a jamais rien vécu de tel. On en entend des belles, des gens qui te dise « je te comprends, je viens de perdre ma mère et mon père ne semble pas s'en remettre ». Si tu es en âge de comprendre cela alors non, tu ne comprends pas. Illogique ? Peut-être. Un enfant de 6ans voit-il la mort de la même façon qu'un homme capable de la comprendre ? Surement pas. La logique est à l(homme ce que Peter Pan est à l'enfant. Une croyance contre laquelle on ne peut rien mais qui se retrouve sans cesse contredite.

    Malgré les apparences Soma aussi pouvait être ce genre d'homme, celui qui se pose des questions, qui réfléchit profondément à une chose et la mort en faisait parti. Plutôt glauque comme passe-temps ? Peut-être mais lorsque l'on a son passé on peut se le permettre. Sa curiosité était telle qu'il essayait sans cesse de voir où étaient ses erreurs, de comprendre pourquoi avec ses yeux d'enfants il avait été incapable de percer à jour le secret de ses parents. Il y avait tellement de preuves ! Mais à quoi bon ? Qu'aurait-il pu faire avec ses petites jambes, ses mains enfantines et ses pensées innocentes que jamais ses parents ne le quitteraient ? Rien et il le savait. La connaissance n'empêche pas le regret cela dit... Tout comme le regret n'empêche pas les choses de se produire. Jamais nous ne pouvons revenir en arrière, n'est-ce pas ?

    C'est avec ses pensées que Soma entendit un bruit. Levant doucement les yeux il aperçu son auditoire, cette jeune fille à qui il aimait parler. Elle ne répondait jamais et s'il se souvenait bien elle ne pouvait pas lui répondre mais il s'en fichait. Sa compagnie lui faisait du bien et si elle acceptait de l'écouter il en était heureux. Elle était un peu comme un journal intime, de ceux qui ne peuvent jamais être lu, même par celui qui écrit dedans et pour lui c'était tant mieux, il n'aimait pas revenir sur ses coups de blues, se rappeler de ses moments de faiblesses où tout sourire semblait fuir son visage.

    Comme toujours, elle s'assit plus loin de lui et baissa le visage. Sans en savoir les raisons exactes, Soma se doutait qu'elle n'avait pas confiance en lui ou qu'il lui faisait peur. Cette fille ne s'approchait jamais des garçons et Soma respectait cela. Lui qui d'habitude avait tellement de facilités à bondir près d'une personne avec un grand sourire pour commencer une conversation, il n'osait s'approcher à plus de 5 mètres d'elle. Il ne voulait pas lui faire peur, respectait son parcours sans le connaître, préférait sauvegarder ce peu d'ouverture dont elle faisait preuve en venant en cours tous les jours. Il trouvait ça beau, presque magique. Une jeune fille comme elle, muette et effrayée mais qui essaie tout de même de poursuivre ses rêves, devenir actrice lorsque l'on ne pouvait ni parler ni approcher de co-acteur masculin était un défis et Soma l'admirait de vouloir essayer de le relever tout de même.

    C'est pourquoi il préférait l'observer de loin, chérir ces moments où il pouvait se confier à elle, où il pouvait être fier d'être la personne la plus proche d'elle, le seul à pouvoir l'approcher et lui parler sans qu'elle ne fuit. Il savait que c'était ridicule mais Soma était ce qu'il était et être heureux pour la plus petite des choses était quelque chose qu'il voulait préserver dans son caractère. Cette innocence qu'il aurait dû perdre il y a de cela 14 ans...

    Il continua à garder discrètement un oeil sur elle, choisissant ses mots, réfléchissant à quoi dire. Il fit un petit sourire et releva la tête pour la reposer sur le mur dans son dos. Il ne la regardait pas directement, il ne voulait pas lui faire peur ou qu'elle se méfie de lui pour rien. Il voulait qu'elle se détende et c'est pourquoi, après quelques minutes de silence, il se décida à prendre la parole. Quitte à parler, autant se libérer de ce qui le faisait souffrir, non ? Il savait qu'elle ne le jugerait pas, de toute façon elle ne le pouvait pas, n'est ce pas ?

    « Je déteste vraiment les hôpitaux... Certains y voient l'espoir, la chance de guérir, un endroit où l'on sauve des vies mais moi, mon seul souvenir de cet endroit est la tristesse et la mort, ça semble faire parti intégrante de cet endroit. De longs couloirs froids, tristes et glauques. Des médecins et infirmières à l'air fatigué, tiraillé de tristesse et de la mort qu'ils côtoient chaque jours. Des familles en larmes, priant, hurlant. Partout où l'on regarde dans ce lieu on ne voit que maladie, tristesse et mort. Je trouve ça horrible... C'est un endroit rempli de mensonges et de faux espoirs. Les familles souriantes après une naissance ou après avoir apprit que la personne qu'il venait voir est sortie d'affaire côtoient celles effondrées de tristesse, dans l'attente ou le désespoir après l'annonce d'un décès. Un aller et venu hypocrite de gens qui croient tout comprendre, des condoléances qui ne sont pas sincère, de la pitié sur tout les visages, je déteste vraiment les hôpitaux. C'est une phobie idiote, de celle que les gens ne comprennent pas, on a beau dire « mais tu sais Soma, sans les hôpitaux il y aurait beaucoup plus de morts, toi-même tu ne serais surement pas là sans eux » c'est idiot. Détester quelque chose ne veut pas dire que l'on veut que cette chose disparaisse. Les hôpitaux sont utiles mais moi, je ne veux pas les côtoyer. C'est un lieu horrible. Oui, je déteste vraiment les hôpitaux... »

    Un silence, il essayait tant bien que mal de retenir ses larmes. Il ne voulait pas pleurer, pas pour si peu. Il se laissait envahir par les souvenirs, par ce qui lui était précieux et par ce jour où les hôpitaux sont devenu sa crainte la plus profonde.

    « Mon père souriait. Il souriait toujours lorsque je venais le voir quand j'étais petit et je suis sûr qu'il sourit toujours. Je me souviens que j'étais toujours émerveillé de le voir branché à tout ces fils, je m'amusais à dire qu'il était un robot, un super papa qui viendrait toujours me sauver quand j'aurai besoin de lui. Peut-être que je n'avais pas tord. Mon père est génial, il nous a toujours aimé plus que tout ma mère et moi. Maintenant il n'est plus à l'hôpital, il n'est plus branché à tous ces fils et moi, j'ai enfin compris. Mon père n'est pas un robot, l'hôpital n'est pas un laboratoire secret. Finalement, je suis sûr que je ne voulais pas comprendre à cette époque. Il y avait tellement d'indices ! Je suis sûr que je savais et aujourd'hui, je me rends compte que je ne voulais tout simplement pas savoir. Si l'on y croit pas alors ça ne peut pas se réaliser pas vrai ? La logique enfantine est parfois tellement étrange... »

    Un léger rire amer, presque un croassement douloureux. Sa voix tremblait et il se savait mais il n'arrivait pas à la retenir. Elle était haute, quelques notes plus aiguës qu'habituellement mais il était hors de question d'arrêter. Mieux vaut parler que pleurer, c'était ainsi qu'il vivait sa douleur, toujours... Il prit une inspiration, fermant les yeux pour combattre à nouveau les larmes. C'était difficile.

    « Il y avait toujours des fleurs dans cette chambre blanche qui sentait les médicaments et une odeur que je ne connaissais pas avant. Ma mère aime les fleurs, mon père a toujours dit que ma mère était belle comme une fleur et qu'il fallait donc qu'elle reste parmi les siennes. Une magnifique fleuriste dont le sourire ferait tourner la tête de n'importe quel tournesol. C'est comme ça que mon père la décrit. En y pensant, ma mère devait surement mettre des fleurs fraiches chaque jour pour cacher cette odeur que je ne connaissais pas. Quoi de mieux qu'un parfum fleuri pour camoufler l'odeur de la mort ? Le regard de ma mère a toujours contenu tellement d'amour... Elle regardait mon père ainsi lorsque ces fils étaient encore reliés à son corps mais je suis sûr que même après et encore maintenant son regard est toujours le même en le regardant. »

    Il ne se sentait pas stupide de parler de ses parents au présent, comme s'ils étaient encore là. La mort efface-t-elle les vérités qui étaient applicables du jour de sa naissance jusqu'à la mort de ses parents ? Pourquoi ne le seraient-elles plus ? Il prenait le temps de réfléchir, de penser à ses prochaines paroles. Des choses qui lui tenaient à coeur, sa vie telle qu'il s'en souvenait. Le début de son cauchemar et le bonheur d'être un enfant sans soucis. Il avait l'impression de raconter l'histoire d'un autre. D'utiliser le « je » d'un roman qui n'était pas sien. Il souriait presque à l'innocence de cet enfant qui évoluait devant lui, il était attendrissant. Tout était tellement lointain...

    « Il y avait des jours ou tout semblait tellement... déconnecté. Le sourire de ma mère perdait de son intensité alors que mon père semblait plus fatigué. Il toussait aussi. Maintenant il ne tousse plus même si j'ai parfois l'impression de l'entendre. Il riait toujours après une toux, il me regardait avec son regard fatigué, un doux sourire aux lèvres et me disait « ces murs blancs sont tellement froids que je crois bien avoir attrapé un rhume. » cette blague était toujours suivi d'un clin d'oeil et je riais. Aussi fort qu'un enfant peut rire, je me proposais aussi pour colorier ces murs froids de couleurs chaude. « Je ne veux pas que papa soit malade alors si les murs deviennent rouge, papa ne sera plus enrhumé ! » J'y croyais tellement fort... »

    Un autre rire sans vie, sa respiration se faisait sifflante, difficile. Il semblait vivre ses souvenirs, les voir renaitre devant lui comme un film, un hologramme, quoi que ce soit. Il redressa sa tête et son regard se posa sur la jeune fille qui était toujours assise un peu plus loin. Il lui sourit sans vraiment savoir si elle le voyait ni même si elle l'écoutait mais il s'en fichait, elle était là et c'était le plus important...

    [Objectif atteint ! J'aurai pu continuer encore longtemps mais je voulais pas ne plus rien avoir à dire plus tard XD]
Revenir en haut Aller en bas
https://tdag.forumgratuit.org/t106-kazuma-soma-ft-kato-shigeaki
Shirakawa Aika« Shirakawa Aika »
Messages : 20
Member since : 16/08/2011
Activité : Étudiante en 3ième année à Hosei
Emission : .

Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Empty
MessageSujet: Re: Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥]   Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Icon_minitimeLun 22 Aoû - 17:33

    On dit souvent que donner la vie est le plus beau moment qu’elle puisse contenir, la mère d’Aika n’avait cependant pas profité de ce moment comme elle aurait du le faire… Ainsi la fille avait désormais dépassé l’âge de sa mère lorsqu’elle l’avait eue. La jeune femme repensa à cela, le regard toujours discrètement fixé sur ce jeune homme blessé qui était venu lui parler, comme il le faisait à chaque fois qu’ils se croisaient. Il parlait de l’hôpital, de son père et de sa mère… Des personnes qu’elle n’avait connu que très peu de temps dans sa vie…sa mère n’en ayant fait partie que 9 mois. Intelligente, elle comprit bien vite que celui-ci était comme elle, orphelin. Pour Aika, fêter une naissance était un acte incroyablement hypocrite, personne ne savait qu’elle pensait dans ce sens, tout le monde l’invitant toujours lorsqu’une naissance était célébrée, que ça soit dans sa famille adoptive ou même dans ses prétendus « amis » en qui elle n’avait pas plus confiance qu’en les hommes. Cette jeune femme pensait en effet qu’il était plus logique de fêter la mort d’une personne, celle-ci marquant la fin de ses souffrances, que de fêter l’arrivée d’une jeune âme à ces mêmes souffrances… Bien tristes pensées sans doute que celle-ci dans la tête d’une jeune actrice comme Aika mais c’était malgré tout ce qu’elle pensait.

    Dans sa vie, Aika avait souvent vécu la scène du funérarium, des gens qui pleurent… Tout d’abord il y avait eu sa mère, même si elle ne s’en souvenait pas, son père avait tenu à l’emmener ce jour là, ensuite il y avait eu l’enterrement de ses parents même si ceux-ci n’étaient pas dans leurs cercueils, elle n’avait d’ailleurs même pas cherché à savoir pourquoi, à sept ans, ça n’est pas notre première priorité, puis celui de sa demi-sœur... Une suite d’enterrement qui ne l’avait pas préoccupé tant que ça, car la mort de sa sœur était comme la suite logique des événements, comme si elle avait du arriver… Malgré tout cela, elle avait peur de la mort autant que de la peste, c’était bien logique, elle ne voulait pas mourir, il était si étrange de vouloir vivre tout en sachant que l’on est condamné à souffrir durant tout le reste de notre vie…La jeune fille continuait à écouter Soma qui lui parlait. Tandis qu’il expliquait sa vision de l’hôpital, Aika se souvint de son propre réveil, quelques heures après ce jour de ses quatorzes ans où elle avait perdu une part importante d’elle. La jeune femme ferma les yeux pour essayer de ne plus y penser et recommença à écouter son camarade parler.

    Il avait envie de pleurer, cela, elle le sentait bien, mais elle était incapable de lui dire qu’il pouvait le faire, elle ne voulait pas non plus l’approcher pour le réconforter : il était bien trop dangereux pour commettre cette imprudence. Elle ferma alors les yeux, resserrant un peu plus ses genoux contre elle tandis qu’il continuait de lui parler. Lorsqu’il parla de son père, Aika commença à penser au sien, elle ne l’avait plus vu depuis longtemps lorsqu’elles avaient appris sa mort, sa sœur et elle, cette pensée lui fit du mal : son père à elle aussi avait toujours été un homme génial, il avait voulu le bonheur de sa femme et de ses deux filles, cela malgré sa jeunesse au moment de sa naissance… Ce jeune homme qu’elle écoutait avait un passé bien triste sans aucun doute, c’était pour cela qu’elle continua à l’écouter même si ces paroles lui faisaient mal : elle ne le lui dirait pas, elle en était incapable, mais ces paroles lui faisaient du bien, après tout, elle aussi était jeune quand elle a tout perdu.

    Désormais, Soma, car elle avait capté son nom dans son discours, parlait de sa mère : nouveau coup pour Aika qui n’avait jamais ignoré l’existence de sa véritable mère, ni sa mort d’ailleurs. La jeune femme resserra encore un peu plus l’étreinte qu’elle exerçait sur ses jambes, elle avait de plus en plus l’impression que, pour une fois, le discours du jeune homme avait un impact sur elle, peut-être parce que c’était différent ? Elle n’en savait rien, toujours était-il qu’elle l’écoutait avec difficulté, ne le montrant cependant pas. Elle devait continuer à être attentive, elle devait combattre cette peur qu’elle avait en présence d’autres personnes, encore plus que cette personne était un garçon, c’était tellement dur pourtant qu’elle ignorait si la distance qu’elle avait laissée entre eux était assez grande désormais. Alors qu’il parlait de son père allongé à l’hôpital, la jeune femme se replia encore sur elle, elle était ressassait des souvenirs sans même s’en rendre compte.

    Aika se vit, assise sur une chaise aux côtés d’un lit au dessus duquel un baxter se balançait doucement, une machine d’où ne provenait quelques secondes plus tôt qu’un vague « bip » venait de faire place à un son permanent et strident, sa sœur était partie et Aika se retrouvait seule, seule dans cet orphelinat où elle avait passé sa vie, seule dans cet hôpital ou elle dut attendre encore plusieurs heures avant qu’une des surveillantes de la pension ne vienne la chercher. Mais pourquoi en était-elle arrivé là ? Pour quelles raisons, idiotes ou non, avait-elle été dégoutée de sa vie au point de se l’arracher à l’aide de quelques pilules ? Elle n’en savait rien. Le suicide est une chose qu’Aika n’a jamais comprise, une chose horrible qui, pour une raison ou une autre, « aide » une personne à se sentir mieux en s’enlevant la vie. Aider, là n’était pas le meilleur mot pour parler de cet acte mortel qui causait bien plus de souffrance à la personne dont le suicidaire était proche qu’à lui-même… C’était tellement étrange de penser pouvoir s’échapper ainsi.

    Malgré tous les malheurs qu’elle avait vécu, toutes les morts et les abandons dont elle avait été victime et également le viol qu’elle avait subi, Aika n’avait jamais cherché à s’ôter la vie. Justement, elle espérait qu’avec un peu de chance, sa vie changerait de cours et lui permettrait enfin de goûter au bonheur qu’on lui avait arraché si jeune, déjà même à sa naissance. En effet, durant les premières années de sa vie, avant que son père ne se remette avec sa belle-mère, combien de fois n’avait-elle pas demandé, à partir de ses premiers mots : « Papa, où elle est maman ? ». Bien évidemment, les amies, les amis à l’école, même touts petits, ils savaient déjà ce que c’était d’avoir une maman, un papa, une famille en fait : pas elle.

    C’est ainsi qu’en rencontrant sa belle mère, elle n’eut pas la même réaction que tant d’autre enfants de familles recomposées, elle ne détesta pas sa belle-mère, celle-ci devenant en réalité sa maman, maman qu’elle n’avait pas connue jusque là. Malheureusement, cela avait aussi redoublé sa tristesse quand elle avait appris la mort de cette femme et de son père, même si à 7 ans, la compréhension était différente… plus « simple ».
    Aika, alors que Soma continuait à parler racontant ces histoires de couleur, de murs et d’autres choses qui auraient fait sourire n’importe quelle autre personne ne serait-ce même que par pitié de ce qui lui était arrivé, se replia une nouvelle fois sur elle-même, fermant les yeux. Tandis que la jeune femme se renfermait encore, un second flash lui revint : était-ce l’idée de repenser à l’hôpital qui avait fait ça ? Elle n’en savait rien, toujours était-il qu’elle se souvenait de choses, des choses dont elle n’aurait pas du se souvenir sans doute.

    Elle revoyait le plafond de cette pièce qui avait longtemps été sa chambre, elle se ressentait comme ce jour là, allongée sur le parquet froid, le cœur battant à toute allure, le corps douloureux à cause des évènements et, quelques secondes plus tard, elle sentait à nouveau ses forces qui l’abandonnaient. Cette sensation horrible lui fit une nouvelle fois se replier sur elle-même, à l’extrême cette fois, lui coupant en même temps la respiration. Des flashs lui revenaient encore pendant qu’elle le faisait, son cerveau semblait prendre un malin plaisir à transformer les paroles de Soma en leur conférant visiblement une pouvoir de remémoration, celui-ci lui faisant revenir encore et encore des souvenirs qui étaient loin d’être bons. C’est de cette manière qu’assise contre le mur, la jeune femme eut l’impression de sentir à nouveau les mains de son agresseur sur ses poignets, elle ouvrit alors les yeux, la tête baissée, en essayant de concentrer ses pensées ailleurs que dans son passé mais la seule chose qu’elle vit fut le regard de son agresseur.

    Pourquoi de simples paroles avaient-elles le pouvoir de réveiller tant de souvenirs douloureux? Était-ce parce que la chambre blanche et froide était le lieu dans lequel elle s’était rendue juste après ce moment affreux ? Elle n’en avait aucune idée, ce qu’elle savait c’est que ces souvenirs l’avaient marquée à jamais et qu’elle ne pourrait pas les oublier de sitôt, ceux-ci revenant lui faire du mal et lui souffler les pires cauchemars à chaque fois qu’elle avait un moment pour dormir. Ces visions lui encombrant l’esprit, la jeune femme, une main de chaque côté de la tête, ébouriffait ses cheveux, les larmes venant à ses yeux, elle aurait voulu leur crier de partir, leur demander de la quitter à tout jamais, elle aurait donné n’importe quoi pour cela mais elle ne pouvait pas, elle ne pouvait que rester là, accroupie, des sanglots éclatants par moment car elle était incapable d’articuler des paroles, juste de brefs cris sans sens autre que la douleur et la peur qui y étaient perceptibles.

    [Ma réponse est... pitoyable.]
Revenir en haut Aller en bas
« Contenu sponsorisé »

Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Empty
MessageSujet: Re: Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥]   Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

Talking to the stars... [Ai-chan~ ♥]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
The Dreams Are Gold :: HOSEI SCHOOL :: Aile Ouest :: COULOIRS & ESCALIERS-