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 Capture the moment | ft. Lou.

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Kondo Maria« Kondo Maria »
Singe
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MessageSujet: Capture the moment | ft. Lou.   Capture the moment | ft. Lou. Icon_minitimeDim 24 Juil - 23:45



Les parents, ils sont parfois maladroits, durs, stricts, indécis, laxistes, têtus, francs, autoritaires, je-m'en-foutistes, violents, nerveux, psychorigides et modernes. Qu’ils vous couvrent d’attention ou vous force à donner le meilleur de vous, c’est toujours d’abord pour vous qu’ils le font. Même si vous ne le voyez pas au premier coup d’œil, plus tard, vous vous souviendrez de toutes ces petites attentions dissimulées et vous vous direz « Si j’en suis là, c’est grâce à eux ». Vous leur en serez reconnaissants et appliquerez la même méthode sur vos enfants. Ça c’est ce qu’on vous dit quand vous en avez marre de vos parents, que vous voulez partir de chez vous, bref que vous voulez tout ce qu’un adolescent pré pubère veut. La réalité c’est que même s’ils veulent votre bien, vous aurez beau leur dire que ce qu’ils font pour vous n’est pas ce que vous voulez, danser devant eux avec un écriteau autour du cou disant « Je ne veux pas faire ça », ils n’y verront rien ! C’est pour ça que je me retrouve ici, dans la salle d’attente du studio de photo le plus réputé de Tokyo. Assise entre mes parents, vêtue d’une paire de jeans et d’un t-shirt blanc. Ma mère a grommelé parce que j’aurais pu faire un effort pour m’habiller correctement. Mais j’ai déjà mis des ballerines blanches et ça c’est un énorme effort. Je déteste les ballerines, ça fait mal aux orteils. Cela dit si j’étais venue en Converses, ma mère m’aurait tuée. Quelle idée, quelques semaines plus tôt, d’aller émettre l’hypothèse d’une carrière dans le mannequinat. Je ne parlais pas de commencer tout de suite mais ils l’ont pris au pied de la lettre. Au moins, ça nous fera des photos de famille.

Alors depuis tout à l’heure, je tape la discute à Spider qui est affalée à mes pieds et attend sagement avec nous. Eh quoi, elle fait partie de la famille elle aussi ! Même si personne d’autre que moi ne la voit, je la veux sur la photo. Rassurez-vous, je ne lui parle pas à haute voix sinon depuis le temps mes parents auraient eu tôt fait de m’envoyer en asile psychiatrique. Et je serais devenue comme Alice Liddle, folle au point de croire que le pays des merveilles est devenu mon propre enfer. Mais Spider, quand je parle dans ma tête, elle m’entend. Nous sursautons toutes les deux quand la secrétaire raccroche le téléphone et appelle notre nom. Kondo. D’un même mouvement, nous nous levons tous. Presque par instinct, je me cramponne au bras de ma mère et les suit jusqu’au comptoir, dissimulée derrière elle. Je n’aurai pas dû leur dire ça. Jamais. Cette histoire de mannequinat n’est pas sérieuse. Je ne suis pas faite pour être mannequin. Pas au Japon en tout cas. Je ne ressemble pas à la japonaise lambda, je mesure presque un mètre soixante-dix et je n’aime pas sourire sur les photos. Je ne sais même pas poser. Bref, pitoyable. Je ne serais jamais mannequin. Je peux encore empêcher le massacre.
    « Mom, you know, I don’t think it’s… »
La fin de ma phrase est couverte par la secrétaire qui se lève en faisant racler les pieds de sa chaise sur le parquet. La peste. Ma mère ne me regarde même pas mais tient ma main fermement serrée dans la sienne. Une fois que la dame a fait le tour de son bureau, nous la suivons docilement vers une autre porte au fond de la grande salle d’attente. Je me retourne vaguement pour constater avec soulagement la présence de Spider sur mes talons. Heureusement qu’elle est là. Elle ouvre la porte et nous fait rentrer en silence. Puis elle se penche légèrement sans vraiment entrer. Là, devant un rideau blanc, se tient la plus belle femme que j’ai vu de ma vie. J’en lâche ma mère et reste plantée là comme une idiote. Toute petite et frêle, elle a un petit visage pâle, de grands yeux noirs et des lèvres pulpeuses. Qu’est-ce que je donnerais pour être comme elle… Le photographe qui nous tourne le dos a l’air totalement absorbé par cette femme et nous semble pas nous avoir entendus entrer. Une première fois, la secrétaire se racle la gorge. Pas de réponse. Puis une deuxième fois. Toujours rien.
    « Matsumoto-san ? Vos clients sont là. Je vous les laisse. »
Et sans lui laisser le temps d’en placer une, elle referme silencieusement la porte sur nous. Vu le ton sur lequel elle a parlé, on aurait dit qu’elle jetait des agneaux en pâture à un lion. J’ai l’impression d’être hypnotisée par cette femme. Sans pouvoir m’en empêcher, je me rapproche de plus en plus jusqu’à me trouver à la même hauteur que le photographe. Il n’y a que deux mètres qui nous séparent quand enfin il se redresse pour peut-être nous apporter un peu d’attention.
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Matsumoto Lou« Matsumoto Lou »
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MessageSujet: Re: Capture the moment | ft. Lou.   Capture the moment | ft. Lou. Icon_minitimeSam 30 Juil - 21:10

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Maria and Lou


Environ une semaine plus tôt, mon téléphone se mit à sonner, m'indiquant que je recevais un appel masqué. Très peu friant de ce genre d'appel, je décrochais malgré moi et demandait d'une voix négligée qui était à l'appareil. Ayant vécu en Corée, je n'avais pas grandi dans les grandes traditions respectueuses des japonais. Ma mère avait tenté de m'y initier, mais à quoi bon ? Je faisais simplement semblant de l'écouter. Résultat, on me grillait tout de suite, moi le sale type coréen aux mauvaises manières.

Bref, cet appel provenait d'une agence de mannequinat et on demandait mes services. Un raz de marée de compliments sortait de la bouche de la secrétaire, qui apparemment n'y connaissait absolument rien et ne faisait que répéter bêtement ce qu'on lui avait ordonné de dire.

La laissant partir dans un discours interminable, j’acquissais avec de petites intonations pour lui indiquer que je suivais plus ou moins ce qu'elle énonçait. Finalement, tout ce qu'on me demandait, c'était de m'occuper du book d'une petite mannequin à la fierté surdimensionné. J'aurais bien refuser, mais la secrétaire ne m'en laissa pas le temps, m'indiquant la somme qu'on me verserait à accepter de rendre ce service. Les yens dans les yeux, j'acceptais comme un petit chien docile.

Manque de chance, j'avais oublié que ce même jour, une famille venait au studio pour être eux aussi photographié. Leur fille voulait se lancer dans le mannequinat. Décidément, c'était toujours le même schéma ennuyeux et c'était à moi qu'on refilait ce sale boulot. J'espérais sincèrement que je me trainerais pas une petite gamine aux airs hautains. Vous savez, ces gosses de riches si détestable. Mais elle faisait forcément partie, si toute la tribu se ramenait au studio.

Cette fameuse journée s'annonçait longue et ennuyante. Le matin, c'était à peine si j'avais eu l'envie de me lever. Mais l’appât de l'argent était plus fort que tout et il avait réussit à me tirer hors du lit.

A croire que la journée s'annonçait poisseuse jusqu'au bout. Le modèle avait du retard. Non pas cinq ou dix minutes, mais bien une demie heure de retard ! Moi qui détestait les gens qui n'étaient pas spontanés, cette fois ci, j'étais servi ! Lorsque la fameuse reine du jour termina par se pointer, j'étais prêt à lui hurler dessus. Une colère semblable à une tornade qui ne l'aurait pas laisser s'en sortir indemne. Mais en voyant ses grands yeux rond plaquaient à ce petit visage au teint porcelaine, je craquais bêtement comme un homme. Stupide féminité ! Elle venait de gagner et croyez moi, ce n'était pas une chose qui me plaisait ! Mais je comptais bien remporter notre petit guerre, j'y parviendrais, j'en étais sûr puisque j'avais déjà un plan en tête. A la fin de notre séance, je lui glisserais subtilement de venir m'accompagner à un repas. Elle craquera comme toutes les autres femmes et j'aurais gagné tout en m'amusant. Ce n'est pas moral vous dites ? Voyons, vous savez bien que je ne fais pas parti de ces japonais si bien distingués.

Mais rapidement, on mit fin à ma rêverie. La secrétaire venait de faire son entrée. Je préférais continuer à l'ignorer, car elle se pointait tout le temps quand il ne le fallait pas celle là. Une vraie pot de colle. Sauf que ce que je n'avais pas remarqué, c'est qu'en disparaissant derrière la porte, elle m'avait laissé les clients suivants. Je le réalisais seulement lorsqu'un d'entre eux s'aventura à mes côtés. Ma tête se tourna finalement pour découvrir le visage du visiteur.

- On a terminé la séance pour aujourd'hui.

Je m'approchais de la mannequin pour faire mine de lui montrer les derniers clichés, mais en réalité, j'en profitais pour lui donner rendez vous ce soir. Elle esquissa un sourire et quitta la pièce rapidement pour laisser place aux autres clients.

- Messieurs dames, que puis-je faire pour vous ?
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Kondo Maria« Kondo Maria »
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MessageSujet: Re: Capture the moment | ft. Lou.   Capture the moment | ft. Lou. Icon_minitimeDim 31 Juil - 16:36

Il est complètement pris par ce qu’il fait. Tellement qu’il ne réagit absolument pas quand la secrétaire ouvre la porte, lui annonce notre arrivée, et referme la porte comme si la claquer était une sorte de défouloir. Je n’en sais rien, il faudrait peut-être que j’essaye à la prochaine dispute avec ma mère. D’ailleurs en parlant de ma mère, si jamais elle ose ouvrir la bouche, elle va le regretter. Ce n’est pas que j’aime être méchante avec elle, au contraire. Les disputes ont tendance à me crisper. C’est à celle qui criera le plus fort. En général ça s’arrête quand mon père claque la porte de leur chambre. Là on se tait et on va immédiatement lui faire un câlin. L’avantage, c’est qu’en public, si elle n’ose pas me tenir tête, moi je ne m’en prive pas. Parfois j’aimerais presque déclencher une dispute pour le plaisir d’avoir le dernier mot. Et pendant que je rumine ma colère – quelle idée aussi de me prendre au pied de la lettre – le photographe tourne lentement la tête dans ma direction. Si lentement qu’on dirait un robot. Ce genre de robot que l’on trouve dans les jeux vidéos et qui te regarde un long moment avant de se ruer sur toi pour te découper en morceaux. J’ai joué à un jeu comme ça ce matin avant de partir et ça m’arrivait pile dans les moments où je ne m’y attendais pas. J’ai fini par sauvegarder pour aller me préparer après le troisième « Maria, on y va, tu es prête ? ». Non, je n’étais pas prête mais là, ce n’est plus ça qui compte. En retour, je le dévisage sans me gêner et surtout sans m’en rendre compte. Qu’est-ce qu’il a à me fixer comme ça ?
    « On a terminé la séance pour aujourd'hui. »
    « Ah bon… Ok- »
Idiote. C’est pas à toi qu’il parlait. C’est ridicule. Ne me regarde pas quand c’est à ta dinde que tu parles ! Je sens déjà mon visage virer au rouge tandis que je m’empresse de baisser les yeux. Vite avant qu’il ne s’aperçoive de quoi que ce soit. Le pire c’est que ce genre de choses m’arrive souvent. Très souvent. Beaucoup trop à mon goût. Heureusement, il ne me regarde même plus. Après tout, j’ai l’air d’une clocharde à côté d’elle. J’aurais dû mieux m’habiller mais le temps m’échappait et c’était affreusement irritant. Et puis il vaut mieux l’avouer, c’est pour énerver ma mère que je me suis habillée comme ça. Maintenant, ma connerie me retombe sur le coin de la figure, j’ai l’air de rien. Regardez-la en plus. Regardez comme elle n’est pas discrète. Elle pourrait au moins faire semblant de regarder les photos au lieu de baver littéralement sur lui pendant que, j’en suis sûre, il lui propose un rendez-vous. J’ai le réflexe de me tourner vers mes parents, la bouche grande ouverte, pour vérifier qu’eux aussi ont remarqué leur petit manège. Mais ma mère regarde les photos accrochées au mur et mon père me fait simplement signe de refermer la bouche. Ils sont complètement bouchés et aveugles ou quoi ? Au moment où je vais pour me retourner et voir si ce monsieur daignerait nous accorder un peu plus d’attention qu’un regard de travers à mon égard, il prend la parole derrière moi. Il a une voix grave. La mannequin me passe à côté. Je ne sais pas si c’est parce qu’elle s’est pris les pieds dans ses talons, mais elle me bouscule bien correctement en passant. Et elle trace, sans s’excuser. Impossible de m’en empêcher, je marmonne tout bas :
    « Et un pardon, ça t’aurait arraché la gueule ? »
    « Messieurs dames, que puis-je faire pour vous ? »
Sauvée par le gong, comme on dit. Je fais demi-tour comme une toupie pour faire face au photographe et surtout prendre la parole avant que ma mère ne puisse exposer les raisons de son point de vue. En tournant, j’ai vu le regard furieux de ma mère qui m’a parfaitement entendue. Mais si elle m’a entendue… tout le monde m’a entendue. Je suis perdue, ça y est. On va me décapiter et jeter mon corps dans la lave. Et je ne reverrais plus jamais Ren ni Sho. Par réflexe, je fais un pas en arrière mais prend la parole avant mes parents.
    « Des portraits de famille. Seuls et tous ensembles. Tout ça parce que ma mère a eu la lumineuse idée de prendre au pied de la lettre mon idée d’éventuellement devenir mannequin. »
    « What are you saying, darling ? »
    « Mom ! Don’t pretend you don’t understand Japanese because you do ! Why are we disturbing him ? For nothing, it’s ridiculous ! »
    « Maria, ça suffit. Calmez-vous, toutes les deux. »
Quand mon père en vient à nous calmer c’est que si on n’obéit pas, c’est lui qui va s’énerver. Je soupire longuement mais satisfaite. Ma mère fulmine. Et je sais que ça ne me retombera pas dessus. Je rentre à Hosei juste après la séance et ne la revoit pas avant le weekend suivant. Parfait, je suis un génie. Finalement, je lui adresse un faux petit sourire d’excuse, qu’elle me rend. Je suis loin d’être désolée mais si je ne le fais pas, ce pauvre type perdra son temps à tirer le portrait d’une famille qui fait la gueule.
    « Vous croyez que ça serait possible alors ? »
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Matsumoto Lou« Matsumoto Lou »
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MessageSujet: Re: Capture the moment | ft. Lou.   Capture the moment | ft. Lou. Icon_minitimeDim 21 Aoû - 14:51

Si j'avais à choisir entre continuer la séance photo avec ma belle créature ou bien la rompre pour entreprendre une nouvelle séance qui incluait une famille complètement instable, sachez que mon choix était vite fait ! Entre anglais et japonais, les deux langues fusaient à la vitesse d'une mitraillette. Certes, la fille Kondo était plutôt mignonne. Elle avait du caractère et j'aimais séduire ce genre de femme. Mais là, elle avait franchement l'allure d'un vieux kangourou avec son t-shirt bien trop ample pour son petit corps. Et ses vielles converses ! Elles étaient prête à être jeter dans la première poubelle qui nous tomberez sous le nez. Je regardais le père de famille, attendant qu'il prenne son rôle en main. Ce n'était pas à moi de jouer à la police, puisque j'étais plus ou moins payé pour leur faire passer un bon moment. Heureusement, Monsieur Kondo réussit à se faire entendre de sa voix rauque. Même si à mon goût, il avait attendu bien trop longtemps avant d'imposer son pouvoir. Quant à moi, j'étais appuyé contre la table, regardant fixement le plafonnier. Les femmes ! Je vous assure, à force de piailler de la sorte, elles pourraient nous tuer. Je ne sais pas comment. Peut être que leurs petites voix stridentes pourraient créer l'hémorragie de nos pauvres tympans ? Fukasaku aurait du y penser quand il a réaliser le film Battle Royal, ça aurait été un carton, une autre scène mythique dans le film !

Lorsqu'un semblant d'éternité semblait s'être écoulé, ils me répondirent enfin à ma question. Dis donc, quel chance j'avais là ! Bref, verdict de la famille Kondo, elle était venue pour hisser leur petite étoile au sommet. J'avais envie d'en rire tellement c'était typique. Mais se laisser prendre à un tel laisser aller au Japon aurait été d'une impolitesse impardonnable. Alors je me contentais à hocher la tête, avec un petit sourire de coin.Le jour où on me demandera de photographier une personne atteinte de suiphobie, je pense que ça me changerait totalement du quotidien. Mais ce jour là, n'est pas prêt d'arriver. Dommage, j'aime les rebondissements.

A peine allais-je prendre la peine de leur répondre, que la mère se remit à parler en anglais. Intérieurement je la maudissais, puisque j'étais une quiche en anglais. Ou du moins, pour déchiffrer l'accent des occidentaux. J'aurais aimé naître avec un dictionnaire dans la tête, parce qu'il était certain qu'à l'avenir, je serais pousser à voyager dans le monde grâce à mon métier. Il faudrait bien que d'ici là, j'arrive à maitriser totalement cette langue universelle.

En voyant leurs discutions incessantes, j'avais l'impression d'être victime d'une attaque ostentatoire. J'étais même sur le point de leur hurler dessus que s'il n'avait pas besoin de moi, ils pouvaient quitter le studio sans tarder, parce que vraiment cette famille m'étaient insupportable !

- La secrétaire m'a simplement parlé d'un projet de portrait de famille. Si votre fille souhaite quelques clichés d'une grande définition pour les présenter à une agence, il sera préférable que nous en discutions tout les deux, avant de partir aveuglément dans une séance sans grande personnalité. Enfin, je vous laisse bien évidement maîtres de vos choix, mais je ne fais que vous conseiller. Veuillez prendre place devant le panneau messieurs dames, pour commencer tranquillement la première séance.

Ayant perdu patience, je décidais de leur clouer le bec avec un discours digne d'un grand diplomate. Personnellement, j'aurais préférais leurs balancer à la tête panneaux et lumières et les laisser gésir au sol dans un silence des plus parfaits. Ça aurait été tellement plus reposant. Mais il fallait que ce soit contre la nature du bon sens. Au diable de bon sens !

A côté de moi, se trouver un petit tabouret qui servait occasionnellement de table. Une reliure de mode y était posée, ainsi qu'un foulard où apparaissait des broderies de fleurs que portait la modèle juste avant de partir. Entre chaque pause, je posais sur ce tabouret mon appareil, un Nikon dernier cri, histoire d'éviter des allers retours incessants entre l'endroit de pose et mon bureau, qui cachait dans un de ses tiroirs un vieux rétroviseur qu'une modèle avait cassé en se garant au parking souterrain.

- Je vous laisse vous placer librement à cet endroit, et ensuite je guiderais vos poses.
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MessageSujet: Re: Capture the moment | ft. Lou.   Capture the moment | ft. Lou. Icon_minitimeMar 23 Aoû - 10:03

Une séance telle qu’elle l’est, à huis clos avec un photographe au caractère apparemment impulsif et impatient, je ne suis pas sûre que ça soit une très bonne idée. Pourtant, même d’ici j’arrive à voir quelques exemples de ses photographies accrochées au mur, il est doué. Pour le peu que j’y connais, je le trouve plutôt doué. Son style est simple et épuré. Les photos en noir et blanc sont les plus belles. Quant aux modèles, ils sont tous plus divins les uns que les autres. Si seulement je pouvais ressembler à ça un jour. La seule chose insupportable, c’est cette odeur de renfermé, comme si on avait laissé un vieux camembert pourrir dans un réfrigérateur ouvert. C’est ignoble. Le photographe n’a même pas l’air de s’en rendre compte. Après tout, il y travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pour ceux qui viennent de l’extérieur, du monde des vivants, c’est affreux. La prochaine fois – s’il y en a une, ce dont je doute – je viendrais avec une pince à linge sur le nez. Quand je parle à mes parents, je le vois du coin de l’œil me dévisager, me scanner de la tête au pied, et faire une étrange mimique amusée en voyant mes vêtements. Quoi ? J’ai à ce point l’air d’un rideau de douche ? Ou alors l’air du pape dans sa toge ? C’est ce que m’a mère m’a dit en partant. Mariaaaaaa, tu ressembles à un pauvre rideau de douche bon à jeter. Merci, maman, ça fait toujours plaisir. Dire à ta fille qu’elle est jolie, ça te viendrait pas à l’esprit ça. Américaine, va.

Je suis sûre que si papa ne nous avait pas coupées, on aurait pu continuer comme ça encore des heures. C’est toujours la même chose, mais aujourd’hui, il y aura mon père et ce Matsumoto. Vous savez à quoi il ressemble ? A un cowboy qui se concentre pour un duel, à savoir qui va tirer le premier, la main effleurant son colt. Là, il serait plutôt du genre à se demander s’il ne vaut mieux pas nous foutre dehors avec un shoot au cul en prime. Et je dois avouer que je lui en serais gré. Par pitié, virez-nous ! Mais non. Il se contente de nous déballer un discours digne du premier ministre britannique avant de nous ordonner – parce que là, ce n’est même plus une dernande – de nous placer devant le panneau. Blanc, le panneau je précise. Il en aurait presque de la fumée qui lui sort par les oreilles. Tandis que, muet de stupeur, mes parents vont se placer à l’endroit indiqué, je pouffe dans ma main. Ma mère ressemble à une abeille attirée par le nectar d’une fleur vu la vitesse à laquelle elle se rue sur le panneau. Un peu plus, elle s’y prendrait les pieds et se vautrerait dessus en y laissant un trou béant par là où elle est passée. Je traîne un peu, incapable de me décider à y aller. Au moment où le photographe s’empare de son appareil, quelque chose tombe sur le sol et heurte une barre en fer, faisant tintinnabuler le capuchon de l’appareil photo qui roule vers moi, en équilibre sur la tranche.

Il vient heurter doucement mon pied et je le ramasse tandis que ce Matsumoto nous raconte qu’il nous guidera dans nos poses. C’est ça, oui. T’as raison mon chéri. Et peut-être que tu vas nous demander de nous asseoir par terre et de faire semblant d’être sur l’immense pelouse du parc Ueno, de faire un grand sourire et d’avoir l’air heureux. Tu sais, le tapis que t’as fumé, il était peut-être fabriqué avec de l’herbe un peu louche, non ? Ou alors c’est bien toi qui a fumé la pelouse. Je pose comme je veux, moi monsieur. Personne n’a jamais réussi à me faire sourire sur la moindre petite photo et ce n’est pas toi qui va y arriver. Pas un photographe arrogant et impatient qui n’attend qu’une seule chose : son fric. En grommelant, je repose le capuchon sur un tabouret, par-dessous un book surchargé de photos. C’est ce moment-là que trouve ma mère pour lui demander dans un japonais absolument parfait s’ils n’ont pas d’autres vêtements à ma taille à me prêter. Pendant quelques secondes – le temps que l’information monte au cerveau sans doute – je ne réagis pas. Encore s’il me donne quelque chose de plus moulant, ça passerait. Mais si c’est plus court et que malencontreusement, pendant la séance, mes parents voient mes tatouages, je suis morte. Ils ne sont pas censés savoir. C’est un tatoueur un peu bizarre du Kabukicho qui me les a faits contre trois fois rien il y a un an. J’y suis allée avec un ami et quelques minutes de discussion plus tard, j’étais allée sur un tatami à grincer des dents tellement c’était douloureux. Je les ai fait anticonstitutionnellement – qu’il est moche, ce mot – ou illégalement si vous préférez. Mes parents n’en savent rien. Et c’est mieux comme ça. Mon père me scalperait la peau des reins s’il les voyait. Alors je me redresse d’un bon et me retourne vers le photographe.
    « Mais non ! C’est bon, je vous assure ! Ces fringues sont parfaites et… Je suis sûre que ça ne vaut pas le coup, de toute façon, parce que… je… j’ai les hanches beauuucoup trop larges pour rentrer dans des habits de mannequins… »
L’excuse la plus minable de toute l’histoire de l’humanité, quoi.
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